Réunion du 16 juin 2009-06-06
Lors de la septième croisade, en 1250, Louis IX (Saint-Louis) est fait prisonnier avec deux de ses frères, et son armée est victime d’une épidémie de peste. Cette nouvelle quand elle parvient en Occident, provoque incrédulité et révolte.
Comment un roi très pieux a-t-il pu être abandonné de Dieu ?
La réponse vient de prédicateurs populaires, en particulier un certain Jacques, moine hongrois de l’ordre de Cîteaux. Ce moine charismatique, nommé « maître de Hongrie », prétend avoir reçu de la Vierge Marie une lettre affirmant que les puissants, les riches et les orgueilleux ne pourront jamais reprendre Jérusalem, mais que seuls y parviendront les pauvres, les humbles, les bergers, dont il doit être le guide. L’orgueil des puissants, dit la lettre, a déplu à Dieu.
A Pâques 1251, des milliers de bergers et de paysans prennent la croix et marchent vers Paris, armés de haches, de couteaux et de bâtons. Blanche de Castille les reçoit et dans un premier temps donne son appui. Mais le mouvement est trop dangereux sur le plan social et religieux pour être accepté par les puissants qui sont accusés de mépriser les pauvres et de tirer profit de la croisade.
A l’époque, le terme « pastoureaux » désignait les bergers, il donna son nom à cette croisade.
Les pastoureaux s’en prennent aux juifs et pillent les villes qui ne veulent pas les nourrir.
La répression est de plus en plus féroce et seuls quelques rescapés parviennent à Marseille et s’embarquent pour Acre, où ils rejoignent les croisés.
On retrouve le nom de pastoureaux lors de la révolte de 1320, connue sous le nom de seconde croisade des pastoureaux.
Cette « croisade » partie à Pâques 1320 de Normandie, menée par des fanatiques et des illuminés, est constituée d’environ dix mille participants, des adolescents, garçons et filles, la plupart en rupture avec leur famille, des brigands, un ramassis tumultueux de bergers, de vagabonds, de miséreux et d’hommes de basse condition. Les vrais meneurs sont un prêtre chassé de son église et un moine apostat de l’ordre de saint Benoît. Ces « croisés » sont vêtus de vêtements étroits appelés sarraus recouverts de petites croix. Ils portent sur eux des besaces et des bâtons. La confusion avec des pèlerins est ainsi entretenue par les pastoureaux eux-mêmes qui reçoivent, au début, un bon accueil dans les villes, ainsi que des victuailles et de l’argent. Ils se dirigent d’abord vers Paris qu’ils atteignent au bout d’une dizaine de jours. Très rapidement cette horde se livre a des exactions partout où elle passe, s’attaquant d’abord aux juifs qui sont impitoyablement massacrés, puis aux particuliers sans distinction, et finissent même par piller les églises et les abbayes. Le roi ordonne qu’on les capture, mais leur nombre est trop important. La horde se dirige ensuite vers l’Aquitaine en tuant tous les juifs et s’appropriant leurs biens. Les villes de Saintes et d’Angoulême subiront leur passage. Puis le Périgord, le Quercy, et la Lomagne sont envahis à leur tour. » A Verdun-sur-Garonne, et Castelsarrasin, les pastoureaux font d’importants massacres, cent dix à cent vingt personnes tuées, disent les chroniques. Cédant à la panique et pour ne pas subir des baptêmes forcés, des juifs auraient choisi de se donner eux-même la mort (environ 200).
« Dès le mardi 10 juin 1320, une bande de Pastoureaux semble menacer les juifs de Grenade, au point de provoquer une demande officielle de protection auprès des pouvoirs publics. Salomon d’Ondes et son secrétaire Eliezer vont trouver le bayle de Grenade qui accepte d’assurer leur sécurité, mais qui doit aussitôt leur conseiller de fuir vers la ville de Verdun-sur-Garonne, pour se réfugier derrière les murs du château royal. Il suffisait aux deux notables juifs de prendre une barque et de se laisser porter par les flots en suivant le courant. Mais cette possibilité de s’échapper ne leur fut pas accordée puisqu’un groupe de Pastoureaux réussit à les capturer et leur donna à choisir de se faire baptiser sur-le-champ ou d’être tués. Malgré la présence du bayle, rien ne parvint à arrêter les Pastoureaux dans leur entreprise et Salomon et Eliezer durent accepter le baptême forcé. (1) »
Des bandes de Pastoureaux assiègent les juifs de Cordes et font un massacre. Apprenant cela le gouverneur de Toulouse envoie une troupe, à qui il ordonne d’agir sans modération et de capturer le plus grand nombre de Pastoureaux. La troupe armée capture bon nombre d’entre eux et conduit dix charretées de prisonniers à Toulouse. Alors des religieux surgissent et les délivrent de leurs liens. Ils se répandent dans la ville.
La masse des Pastoureaux atteint Toulouse le 15 juin. Ils attaquent le quartier juif avec le soutien et les encouragements de la populace. Le sénéchal essaie de protéger les juifs mais il ne peut enrayer le déferlement et est obligé de reculer. Cent cinquante juifs, dit-on, y perdront la vie.
Les pastoureaux détruisent ainsi 110 communautés juives dans le sud de la France, dont celles de Castelsarrasin, Agen, Albi, Gaillac, Condom, Mont-de-Marsan. En vain le pape Jean XXII fait proférer des anathèmes contre cette horde de fanatiques. Malgré cela leurs ravages dans le sud du pays continue et ne cesse qu’avec la mort de leur chef, mortellement blessé devant Montpellier.
Les massacres se propagent en Espagne. A Tudela, en Navarre, tous les juifs sont passés par l’épée, tandis que, à Lérida, en Catalogne, soixante-dix d’entre eux sont assassinés.
Heureusement, le roi d’Aragon, avec ses hommes d’armes, enraye la vague de fureur des Pastoureaux, 2000 d’entre eux sont tués, les autres sont mis en fuite.
La croisade des Pastoureaux est enfin anéantie.
The
massacres subsequently spread to Spain.
(1) Georges Passerat. La croisade des Pastoureaux (La Louve éditions)